
Les femmes et hommes sensibilisés sur l’importance de la masculinité positive au sein des ménages témoignent des retombées positives de cette sensibilisation. C’était lors d’une journée d’échange et de réflexion entre les couples modèles et les décideurs à la base organisée par l’Association des Femmes Rapatriées du Burundi (AFRABU) le 25 mars 2021 en zone Gatumba de la commune Mutimbuzi, province Bujumbura
Lucie Nikobiza est une femme leader de la colline Kinyinya I. Elle est bénéficiaire de cette sensibilisation. Elle fait savoir qu’à travers les séances de sensibilisation, le nombre de femmes qui occupent les places de prise de décision à la base a augmenté. Mme Nikobiza trouve que la participation de la femme dans les instances de prise de décision est un élément nécessaire pour réduire les conflits dans les ménages. Elle indique néanmoins que le chemin reste encore long pour que les femmes burundaises soient représentées comme leurs frères hommes au point de vue socioéconomique et politique du pays.

Claire Ndikumana est une élue locale. Elle témoigne que certains couples bénéficiaires des formations de l’AFRABU ont changé de mentalité. De plus, elle ajoute qu’actuellement, les femmes membres des couples sensibilisés ne tendent pas les mains à leurs maris. « Les relations sociales qui, jadis étaient mauvaises suite aux conflits entre l’époux et l’épouse ont été améliorées», informe-t-elle.
D’après elle, avec ces formations, il s’observe des changements positifs surtout au niveau sociétal car, actuellement, la femme joue un rôle de pacifiste. De plus, les couples bénéficiaires, en collaboration avec les structures habilitées, règlent les différents types de conflits familiaux surtout les violences basées sur le genre. C’est au moment où les violences sexuelles sont transférées aux services habilités (santé et justice). D’autres types de conflits sont tranchés au niveau local.
Dubois Gakiza habite sur la colline Warubondo. « Quand ma femme est malade ou est occupée par d’autres travaux, je n’hésite à accomplir des travaux qui sont réputés réservés aux femmes car, à travers les formations que j’ai subies, j’ai fini par comprendre que le foyer ne peux en aucun cas se développer quand la femme travaille seule ». Il invite les hommes à aider leurs femmes pour arriver à un développement sans faille. Pour lui, quand une femme est développée, c’est tout le ménage qui en bénéficie. Et d’insister « le changement de comportement commence par le foyer ».
Bonaventure Minani est un élu local de la colline vugizo. Il révèle que les réalisations faites par les femmes ont montré qu’elles sont capables. D’après lui, les femmes élues localement ont permis de réduire les conflits par leur participation à la résolution pacifique des conflits à l’instar de la réduction de la polygamie.
Quant au chef de zone Gatumba, Hussein Ntahetwa, l’impact positif des femmes qui occupent les instances de prise de décision est visible dans la communauté, notamment dans la résolution des conflits dans l’entourage. Il trouve qu’elles jouent un rôle pacifiste. Il indique que ces femmes contribuent beaucoup dans l’épanouissement de leur famille. Il regrette néanmoins que le nombre des femmes qui occupent les places de prise de décisions reste faible.

« L’objectif de ces échanges est de susciter la prise de conscience des autorités à la base sur le rôle de la masculinité positive dans la promotion de l’égalité de genre et la réduction des violences basées sur le genre », informe Bienvenue Hicuburundi, responsable du projet « Mpaka, Shamba Letu » la frontière, notre gagne-pain. En plus, explique-t-il, nous sensibilisons les couples modèles pour pérenniser les actions de changement de comportement. Il indique que parmi les 60 couples sensibilisés, 14 sont actuellement considérées comme modèles. D’après lui, ces séances de sensibilisation constituent un élément essentiel de cohésion sociale au sein de la communauté.
Notons que ce projet est mis en œuvre par l’Association des Femmes Rapatriées du Burundi (AFRABU) avec l’appui de l’ONG International Alert dans le cadre du projet “Mpaka, Shamba Letu” sous le thème : « Consolidation de la paix à travers le petit commerce transfrontalier dans la région des Grands-Lacs ».