
Le monde est aujourd’hui suspendu à la propagation du Covid-19 dit nouveau coronavirus. Venant de Chine, ce virus s’est rapidement propagé aux quatre coins du monde touchant l’ensemble des pays. Avec plusieurs milliers de morts, il s’est rapidement installé comme une menace sérieuse pour la santé de la population. Force est de constater que la crise n’est pas seulement sanitaire, mais également économique. Faustin Ndikumana, expert économiste et analyste indique qu’en Afrique, les conséquences économiques sont désastreuses plus que les conséquences sanitaires
Dans un communiqué publié le 03 mars 2020, la Banque Mondiale a indiqué que le nouveau coronavirus (Covid-19) a déjà fait de nombreuses victimes et que cette flambée épidémique est traitée pour ce qu’elle est : une urgence de santé publique de portée internationale. Alors que le virus se propage dans le monde, tout l’enjeu est de savoir comment préserver les vies humaines et atténuer les préjudices économiques.
Nous savons d’expérience que seule une réponse rapide, coordonnée et ambitieuse face à une menace commune peut faire la différence pour l’économie mondiale. Et, c’est bien ce qui se dessine : plusieurs pays ont dévoilé des programmes de relance tandis que de nombreux autres ont abaissé leurs taux d’intérêt. De leur côté, le Groupe de la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International ont organisé une aide financière massive pour aider les pays à surmonter cette crise sanitaire et à en limiter les effets délétères sur l’économie, note le communiqué.
Dans les semaines qui viennent, tous les pays même en l’absence de cas de coronavirus devront prendre des mesures concrètes pour protéger leur population et minimiser les perturbations pour leur économie, note également le communiqué. Et d’ajouter : Personne ne peut dire avec certitude quel sera l’impact économique réel de cette flambée épidémique. Il y a encore trop d’inconnues : durée de l’épidémie, nombre de pays touchés et capacité des pays à se mobiliser durablement pour apporter une réponse coordonnée et concertée rapide. Ce que nous savons en revanche, c’est que cette épidémie survient à un moment où l’économie mondiale commençait juste à redémarrer après le passage à vide provoqué par la crise financière de 2009.
Les pays en développement en paient le lourd tribut
Le communiqué indique que les conséquences économiques sont préoccupantes dont un durcissement des conditions de crédit, un ralentissement de la croissance et la mobilisation des ressources publiques en faveur de la lutte contre l’épidémie qui pourraient réduire le volume de fonds disponibles pour les priorités de développement. Une dépression économique retarderait également la lutte contre l’extrême pauvreté. Il est donc impératif que les décideurs, partout dans le monde, prennent conscience du risque de propagation des préjudices économiques d’un pays à l’autre et qu’ils se mobilisent rapidement pour l’endiguer.
Comme on le lit dans ce communiqué, les vecteurs potentiels de transmission sont multiples, à commencer par le commerce : les chaînes de valeur mondiales, qui représentent près de la moitié des échanges mondiaux, commencent à pâtir de la fermeture d’usines et du redémarrage tardif de l’activité. Viennent ensuite les flux financiers étrangers, qui pourraient fuir les pays touchés par le coronavirus. Puis le capital humain et financier national, de plus en plus sous-utilisé avec l’arrêt des usines et le confinement des travailleurs chez eux. Il s’agit ensuite du secteur touristique et du voyage, touché de plein fouet par la baisse de la demande et des restrictions de déplacement toujours plus contraignantes, alors qu’il constitue pour de nombreux pays en développement (a) une source importante de revenu. Et, pour finir, l’effondrement des cours des matières premières, qui va pénaliser les pays en développement tributaires de ces recettes essentielles.

L’OBR tranquillise
Au Burundi, selon les propos du porte-parole de l’Office Burundais des Recettes dans une émission publique, Stany Ngendakumana, les conséquences économiques du coronavirus ne se sont pas encore fait sentir. Il indique cela en se basant sur les recettes déjà collectées au mois de février et de mars dont les recettes surpassent de loin les prévisions. Il fait savoir qu’au mois de février, l’OBR a collecté 70,6 milliards de FBu alors qu’il était prévu 68,7 milliards. Au 19 mars 20120, cet office a déjà fait entrer au trésor public 56,3 milliards de FBu sur 99,15 milliards prévus sans compter les revenus sur l’impôt locatif et d’autres taxes. M. Ngendakumana fait remarquer qu’aucun impact ne pourrait avoir lieu car aucune restriction sur le commerce n’a été prise. Raison pour laquelle, il demande aux commerçants de se tourner vers l’e-commerce pour effectuer leurs transactions sans risque.

Les pays africains doivent en pâtir
Cependant, Faustin Ndikumana, un analyste économiste fait remarquer que le coronavirus peut entraîner des conséquences plus sévères que le fléau lui-même. Il précise que pour les pays développés, ce fléau a déjà entraîné la fermeture des industries, des usines et le confinement. Ce qui, d’après lui, provoque des conséquences directes sur les économies africaines. Les pays africains, y compris accèdent aux dollars après avoir vendus les cultures de rentes de ces pays ou les produits aurifères, etc. d’où, conclut M.Ndikumana, si ces pays ne sont viables ou ont-ils pu vendre ces produits. Il ajoute que les pays africains doivent souffrir des conséquences du coronavirus car, ce sont les pays européens et américains qui soutiennent les pays africains dans tous les domaines de développement à travers les ONGs et Associations. Néanmoins, estime Ndikumana, puisque ces pays sont menacés, les aides seront gérées pour être utilisées dans la lutte contre le virus et les pays africains doivent en subir les coups. De plus, ajoute-t-il, s’il n’y a pas d’importation ni d’exportation, les taxes douanières n’entrent pas dans le trésor public alors que ce sont eux qui alimentent ce trésor à travers l’OBR. Aussi, si les ONGs ne soutiennent pas les petits producteurs et que la population vit la peur au ventre, il n’y pas de production ni de vente, ce qui a conséquence sur les taxes communales qui tarissent et le pays en souffre.
Faustin Ndikumana trouve que le confinement ne peut pas être envisageable parce plus de 70 % de la population œuvre dans le secteur informel. Alors que le pays ne peut pas être à mesure de nourrir une population, le confinement ne peut pas du tout possible.
Pour barrer la route au coronavirus sans pour autant entraver l’économie Burundaise, M.Ndikumana signale qu’il faut une prise de conscience pour sensibiliser la population sur les dangers du coronavirus au lieu de prendre la question à la légère. De plus, l’administration locale, la police en particulier et la population en générale doivent s’y mettre pleinement.