
Le Burundi fait face à plusieurs types de catastrophes. Il s’agit des risques climatiques, risques sanitaires, risques phytosanitaires, risques épizootiques, technologiques, chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires. Dans ce numéro, nous allons vous parler des risques climatiques
Le Burundi comme d’autres pays du monde fait face à d’innombrables catastrophes. Au moment où l’Europe, l’Asie, l’’Amerique sont frappés par des vents violents, des pluies torrentielles, des séismes et des sécheresses, le Burundi, un pays d’Afrique de l’Est est frappé par des inondations récurrentes dans certaines provinces, mais aussi de la sécheresse.

Située en contrebas de la région naturelle de Mumirwa et traversée par plusieurs rivières et ravins à régime torrentiel, la ville de Bujumbura subit régulièrement des inondations qui jusque-là, avaient été d’ampleur limitée. La menace sur les quartiers périphériques de la ville s’accentue compte tenu de la faiblesse des aménagements pouvant réguler les débits de rivières. En outre, le rythme élevé de déboisement des collines environnantes, consécutif à la pression démographique et à l’exploitation anarchique des matériaux de construction (moellons, graveleux latéritiques), accélère la dégradation de l’environnement et la ville reste menacée par l’inondation. La plus récente qui restera gravée dans la mémoire des citadins est celle de 2014 au quartier Gatunguru, Commune Mutimbuzi. Cette dernière a été causée pardes pluies torrentielles qui se sont abattues sur la ville de Bujumbura dans la nuit du 28 au 29 janvier 2020 se traduisant par des crues de rivières et des inondations principalement dans les quartiers périphériques Nord et Sud.
Face à la faiblesse des systèmes d’alerte, de la fragilité des infrastructures de protection, les habitants de ces quartiers ont été pris au piège par les coulées d’eau et de boues. Les communes les plus touchées sont principalement celles de Buterere, Kinama, Kamenge, Kanyosha, Ngagara/Quartier industriel, Mutimbuzi/Gatunguru. Selon la Mairie de Bujumbura, plus de 220 000 personnes ont été touchées par ces inondations, soit 40% de la population de la ville. Cette catastrophe humanitaire a été amplifiée par le débordement de plusieurs rivières dévastant des quartiers peu ou mal viabilisés et dont les maisons sont généralement construites en matériaux non durables. Plus de 70 morts ont été recensés.
La deuxième inondation de grande envergure est de Winterekwa causée par les pluies torrentielles qui se sont abattues sur ce quartier dans la nuit du 21 au 22 décembre 2019, ont occasionné 12 morts, deux centaines de ménages affectées et de plus de 300 personnes sinistrées. Les pluies torrentielles qui se sont abattues en date du 4 décembre 2019 sur les collines de Nyempundu, Gikomero et Rukombe de la zone Nyamakarabo, commune Mugina en province de Cibitoke ont causé de nombreux dégâts humains et matériels. Le bilan provisoire établi par la police était de 26 morts, 7 blessés et 10 personnes portées disparues. Des maisons, champs de maïs et biens divers ont été aussi endommagés
Gatumba, Théâtre des inondations

En date du 19 Avril et 1 Mai 2020, des inondations sévères ont touché la zone Gatumba dans la commune Mutimbizi de la province Bujumbura Rural. Ces inondations sont dues à la montée des eaux du lac Tanganyika renforcée par les eaux de la rivière Rusizi II. Sept quartiers dont Kinyinya I, Kinyinya II, Mushasha I, Mushasha II, Muyange I, Muyange II et Gaharawe de la zone de Gatumba ont été touchés. Cette catastrophe naturelle a affecté 45 681 personnes, soit 8543 ménages et a causé le déplacement de 17 792 personnes, soit 3 210 ménages qui ont été installés dans trois sites dont Kigaramango, SOBEL dans la zone Maramvya et Rukaramu.
Très récemment en date du 8 et 11 janvier 2021, les pluies diluviennes ont provoqué les crues de la rivière Rusizi et occasionné la montée du niveau du lac Tanganyika, entrainant ainsi les inondations dans les quartiers de la zone Gatumba. Les facteurs structurels, à l’instar la nappe phréatique saturée, l’envasement du lit de la rivière Rusizi ainsi que la faiblesse des digues artisanales ont accentué l’inondation. Selon le rapport de l’OCHA, un décès et un blessé ont été enregistrés par suite d’attaques d’animaux aquatiques et plusieurs habitations ainsi que les infrastructures d’utilité publique (écoles, un hôpital et centre de triage et isolement de la Maladie à virus Ebola, MVE) ont été endommagées.
Suite à ces nouvelles inondations, rapporte OCHA, 1 214 nouveaux ménages se sont déplacés, la plupart sont ceux qui venaient de regagner leurs quartiers d’origine. Ils sont maintenant contraints de retourner dans les sites de déplacés, démunis. D’autres se sont temporairement abrités, soit dans des bâtiments publics (écoles, églises, etc.) ou chez les familles hôtes, dans des conditions précaires. Et, cette situation marque un frein au processus de retour qui avait été amorcé et permis jusqu’alors le retour de 1 433 ménages dans leurs quartiers d’origine ;
A la veille de ces événements, 2 740 ménages restaient encore dans les 4 sites des déplacés : 762 à Kigaramango, 1 311 à Kinyinya II, 130 à Mafubo, 537 à Maramvya Sobel. Ces effectifs ont été obtenus à l’issu du processus de profilage réalisé conjointement par le Ministère de la Solidarité Nationale, des Affaires Sociales, des Droits de la Personne Humaine et du Genre et l’Organisation Internationale pour les migrations (OIM), grâce au financement des fonds CERF sous la fenêtre d’underfunded emergencies.
Typologies des risques de catastrophes au Burundi
D’après le Plan d’action National pour la Sécurité Sanitaire au Burundi 2019-2023, la population burundaise fait face à différents risques selon leurs lieux de résidence et la période. Le tableau ci-dessous compile les différents risques de catastrophes qui hantent le pays.
Risques | zone | Population exposée | période |
Inondations | Plaine de l’imbo, depression de kumoso et vallées des cours d’eau dans les plateaux centraux | 14/18 provinces | Saison pluvieuse : Septembre-décembre et mars-mai |
Épidémie de cholera | Plaine de l’imbo | Commune Rugombo, Mutimbuzi, kabezi-rumonge, Nyanza-lac, et Gihofi | Saison pluvieuse : Septembre-décembre et mars-mai |
Paludisme | Tout le pays | 11/18 provinces : Plaine de l’Imbo et les dépressions de Kumoso et la région de Bugesera | Saison pluvieuse : Septembre-décembre et mars-mai |
Incendies et feux de brousses | Parcs et savanes boisés | 6 provinces : Cankuzo, Bururi, Ruyigi, Bubanza, Cibitoke et Kayanza | Saison sèche : Juillet-Septembre |
Incendie dans les établissements recevant du public | Marchés et Ménages | Mairie et chef lieux des provinces | Imprévisible |
Vents Violents | Tout le pays | 18 provinces | Saison pluvieuses : Septembre-décembre et mars-mai |
Glissements de terrains | Hauteurs surplombant la plaine de l’imbo et les dépressions du moso | 6 provinces : Cankuzo, Bururi, Ruyigi, Bubanza, Bujumbura, Rumonge | Septembre-novembre- mars et mai |
Conflits sociaux | Provinces frontalières et provinces à forte densité | 12/18 provinces | Échéances électorales, retours des refugiés et la période post-rapatriement |
D’après les experts géographes et environnementalistes, la majeur partie des risques de catastrophes est due à l’action anthropologique qui, de part, leur action provoque des changements climatiques. L’on citera l’exploitation anarchique des terres, le déboisement, l’émission des gaz à effet de serre, etc.
Dans but de protéger la population, certains quartiers de la zone Gatumba dont Mushasha I, Mushasha II et Gaharawe vont être fermés, à en croire les propos du Secrétaire exécutif de Plateforme National de Gestion et de prévention des risques des catastrophes, Général Anicet Nibaruta.