
Condamné à mort, mais emprisonné pendant 12 ans, Jean Marie Nshimirimana fonde Ntambariza SPF « Solidarité avec les prisonniers et leurs familles », une association qui défend les droits des prisonniers et de leurs familles
Née en 1972 sur la colline Mihigo, commune Busiga de la province Ngozi. Jean Marie Nshimirimana n’a pas étudié mais, il a appris certaines notions de lecture et d’écriture et quelques mots en français en prison. Il est père de 4 enfants. Il témoigne : En 1993, lorsque je participais dans un metting du parti Sahwanya Frodebu, les femmes membres de l’Union des Femmes Burundaise (UFB) ont jeté des herbes sur la voiture du candidat Ndadaye. Et, j’ai sauté pour les recouper avant que ces dernières atteignent le candidat président. C’était dans la province Ngozi. Conscient de la bravoure que j’incarne, Ndadaye a lancé un mot s’adressant au président de la Fédération du Parti Sahwanya Frodebu en commune Busiga: « Lorsque nous aurons gagné, ce jeune devrait avoir un poste au sein de notre gouvernement ».
La campagne terminée, les élections passées, Ndadaye, remporta la victoire. « Chose promise, chose due », indique Jean Marie Shimirimana. Après la victoire du parti en 1993, Ndadaye invita Nshimirimana à occuper un poste dans son gouvernement. Cependant, dit-il, parce que je n’avais pas étudié, je n’étais en mesure d’occuper ce poste. Ainsi, je lui ai demandé de travailler au poste douanier Kanyaru Bas. Un poste que j’ai occupé pendant quelques mois. Ndadaye fut assassiné la nuit du 21 octobre 1993. « Après l’assassinat du président Ndadaye, étant un jeune affilié au parti Sahwanya Frodebu, craignant pour ma sécurité, je me suis refugié au Rwanda. Là, les choses ne m’étaient pas faciles et j’ai dû quitter le Rwanda pour la Tanzanie.
Jean Marie Nshimirimana, condamné à mort
Jean Marie Nshimirimana est revenu au Burundi en 1994. Et, il est vite arrêté l’accusant d’avoir trempé dans les tueries de Busiga qui ont emporté des vies humaines. Et, il fut condamné à mort. « Je fus condamné à mort sur fond de fausses accusations politiques. Il passa 2 ans à la prison de Ngozi avant d’être transféré à la prison centrale de Mpimba. Il y passa 10 ans dont 8 dans la chambre de l’isolement. Un endroit très dangereux pour les prisonniers. Il fait remarquer que les conditions de vie en prison sont déplorables : habitat indécent, nourriture périmée et insuffisante, etc.
Il regrette qu’à cette époque, il y ait autant de gens qui croupissaient en prison sur fond d’appartenance politique.
« Lors du passage de Nelson Mandela à Mpimba le 8 juin 2000, il plaida avec succès la suppression des isolements pour les condamnés à mort. Une célèbre phrase résumant son constat à Mpimba fut prononcée : « Personne ne peut prétendre connaître vraiment une nation à moins d’avoir vu l’intérieur de ses prisons. Une nation ne doit pas être jugée selon la manière dont elle traite ses citoyens les plus éminents, mais ses citoyens les plus faibles».
Les prisonniers eurent désormais droit aux visites avec un temps suffisant. En outre, précise-t-il, un élan associatif pour la défense des droits des prisonniers vit le jour avec l’Association pour Protection et la Promotion des droits humains (APRODH). Mandela day est aussi décrété et célébré à Mpimba où, occasionnellement des élargissements furent opérés.
Jean Marie Nshimirimana informe que ce sont dans ces conditions carcérales qu’il a pensées à créer l’association “Solidarité avec les prisonniers et leurs familles (Ntabariza SPF)“ dans le but de lutter pour les droits des prisonniers et de leurs familles au Burundi.
Dans la deuxième partie, nous vous parlerons de l’Association en soi et de ses réalisations durant les 10 ans de son existante.